Interview

L’Italie à Paris avec Sara Rania, fondatrice de Cuisine Italienne Paris

J’ai entendu parler de Sara Rania pour la première fois en interviewant Alessandra Pierini, de l’épicerie RAP. Cette dernière ne tarissait pas d’éloge sur la jeune fille et sur ses cooking class généreuses au sein du projet « Cuisine Italienne Paris« . J’ai profité d’un séjour à Paris pour rencontrer Sara et on a tout de suite accroché. Tant et si bien que l’on vous propose une Risotto Master Class le 20 février 2019 à Paris, chez Cooking Baz’Art  (réservation ici !). En attendant, Sara a eu la gentillesse de répondre à ma mitraillette à questions, afin que vous fassiez plus ample connaissance. Son carnet d’adresses est si riche, je suis ravie de le partager avec vous. Andiamo !

Bonjour Sara ! Peux-tu te présenter et nous raconter comment tu as atterri à Paris ?

Je suis arrivée à Paris avec une bourse Erasmus qui m’a permis d’étudier à la Sorbonne. C’était en 2010, j’avais vingt-cinq ans et je quittais Milan pour démarrer une nouvelle aventure ici, en France. Le début a été dur, puis la chance m’a souri. J’ai rencontré mon compagnon et nous avons fondé une famille ! Côté professionnel, cela a été plus difficile. J’avais l’impression qu’il n’y avait pas de place pour une journaliste italienne désireuse de travailler dans la culture. J’ai donc décidé de me mettre à mon compte et je me suis spécialisée dans les relations presse, dans la traduction et dans la création de contenus. L’accompagnement de clients italiens ici en France est venue tout naturellement et j’ai commencé à organiser des événements.

Comment la cuisine Italienne a pris autant de place dans tes projets ?

Parallèlement, je passais mon temps libre à cuisiner. « Hobby » nécessaire et salvateur qui me permettait de décompresser après des heures passées devant l’ordinateur et pour répondre à un grand besoin de créativité concrète. C’est à ce moment là que j’ai croisé le chemin des Ateliers de Casa d’Arno d’Elisabetta Arnò. Pendant un cours de pizza avec Gennaro Nasti je me suis immédiatement sentie dans mon élément et je dois beaucoup à la collaboration avec Elisabetta. Son départ pour l’Italie m’a permis de cristalliser une bonne partie de mes idées, maintenant réunies dans Cuisine Italienne Paris. Un projet avec une âme culturelle, qui s’intègre parfaitement dans le tissu urbain parisien et répond à un besoin de convivialité.

Quelle est ta vision pour ton projet ?

J’ai vite compris qu’il s’agissait d’un autre façon pour continuer à faire ce que j’aimais le plus : raconter l’Italie avec un langage universel, celui de la cuisine. De plus, dans les ateliers Cuisine Italienne Paris, Nunzio Rispolano et moi, accordons une place importante à l’emblème italien : la pizza. Pizzaiolo hors-pair, sa passion est communicative et nos ateliers connaissent une bonne audience pour ces cours.

La cuisine, un langage universel pour raconter l’Italie

Qu’est-ce qui fait l’originalité de Cuisine Italienne Paris ?

De part mes goûts, j’ai aussi voulu accorder une place importante à l’esthétique et au visuel. J’ai eu la possibilité de développer cet aspect grâce à Domenico Cutellé. Architecte passionné de design, dès le début du projet, il a fait jouer ses contacts afin que nous puissions travailler avec des artisans et des designers Italiens. C’est une belle synergie qui s’est créé et nous développons ensemble le volet déco et art de la table.

Quel est ton lien avec l’Italie ? Ta région de naissance ou région de cœur ?

Je suis née en Toscane, mais mon cœur bat pour la Campanie. Ma famille est napolitaine et j’ai eu la chance de passer quinze ans à Naples. Je garde de merveilleux souvenirs des moments passés en Italie et, dès que je peux, j’en profite pour rentrer. Des coins familiers de la Sicile (où ma tante vit depuis quarante ans) aux villages que je ne connaissais pas, jusqu’aux ruelles sombres de Naples, l’Italie exerce toujours son charme sur moi.

Mon cœur bat pour la Campanie

Existe-il un plat italien qui manque dans ton quotidien parisien ?

Sans doute la pizza a portafoglio bouillante et coulante. C’était ma pause déjeuner sur le pouce du temps de la fac. Certaines fois je me la fait préparer par notre chef pizzaiolo Nunzio Rispolano. J’ai récemment découvert aussi une des nouvelles Mecque du street food napolitain à Paris : c’est Magna de Julien Serri. Passer la porte de son local c’est comme se retrouver dans le vicoli bruyants et vivants de  Naples.

Passer la porte de Magna à Paris c’est comme se retrouver dans le vicoli bruyants et vivants de  Naples.

Magnà Paris : 48 rue Notre-Dame de Lorette, 75009 Paris, 01 44 63 89 09

As-tu d’autres chouettes adresses Italiennes à Paris  ?

Pour un super café, rendez-vous au Café Stern. Un local accueillant avec une déco singulière. C’est un endroit qui invite à la réflexion, une wunderkammer parfumée à deux pas du mouvement incessant des grands boulevards. Je vous conseille vivement d’y aller pour faire la connaissance du personnel, une brigade aux petits soins. N’oubliez pas de prendre un bon livre pour allier nourriture célestes et terrestres en dégustant une brioche faite maison ou un de leurs excellents desserts. Une vraie pépite !

Café Stern : 47 Passage des Panoramas, 75002 Paris

As-tu un restaurant coup de cœur ?

Je ne vous cache pas que dans les derniers jours j’ai très envie de tester un petit restaurant italien qui s’appelle Tempilenti. C’est un bistrot géré par deux femmes très dynamiques, qui s’est vite fait une bonne réputation avec ses assiettes bonnes et généreuses. Leur cuisine me tente. Affaire gourmande à suivre…

Tempilenti : 3 Rue Gerbier, 75011 Paris

Pour une glace ?

Si j’ai envie d’une glace italienne je vais chez Pozzetto. Les sorbets je les prépare à la maison avec des agrumes que je trouve à l’Epicerie RAP. Les bergamotes de Alessandra Pierini sont magnifiques et je trouve chez elle aussi un excellent cèdre de Calabre.

Pozzetto : 39 Rue du Roi de Sicile, 75004 Paris

Epicerie RAP : 4 Rue Flechier, 75009 Paris

bergamotes et cèdres de Calabre chez RAP Epicerie

Pour une pizza ?

Mes envies de pizze sont assouvies chez Roba Seria, où je retrouve les belles créations de Nunzio Rispolano.

Roba Seria : 13 Rue des Lavandières Sainte-Opportune, 75001 Paris

Pour un plat de pâte délicieux ?

Pour les pâtes fraîches direction Passerini ou Osteria Ferrara, à deux pas du marché d’Aligre, mais j’adore aussi les anolini de la Salsamenteria de Parma. Je vous invite aussi à découvrir Dilia (rue d’Eupatoria) avec la cuisine jubilatoire du jeune chef Michele Farnesi.

Passerini : 65 Rue Traversière, 75012 

Osteria Ferrara : 7 Rue du Dahomey, 75011 

Salsamenteria de Parma : 40 Rue Saint-Georges, 75009 Paris

Dilia : 1 Rue d’Eupatoria, 75020

As-tu une adresse pour l’aperitivo ? Que commandes-tu ?

A l’heure de l’aperitivo, je donne rendez-vous au Mori Venice Bar (rue Vivienne). Un temple de la cuisine italienne, à choisir pour les grandes occasions. Je commande un Negroni Sbagliato, un cocktail inventé par Mirko Stocchetto que je savoure au Bar Basso. Bar qui me ramène à Milan et au quartier Città Studi où je résidais durant les deux années que j’y ai passé.

Mori Venice Bar : 27 Rue Vivienne, 75002 Paris

Bar Basso : Via Plinio, 39, 20020 Milano

Une œnothèque où acheter du vin italien ? Une référence préférée ? 

Je suis heureuse de vous faire partager mon œnothèque récemment découverte : Au Nouveau Nez. Une caverne d’Ali Baba où je trouve les vins AOP et DOCG de grande qualité. Le passionné, Valerio, m’a donné d’excellents conseils pour marier les vins avec les mets que nous réalisons dans mes ateliers Cuisine Italienne Paris. J’adore le Nero d’Avola. Un vin rouge capiteux du Sud Est de la Sicile qui a des notes de fruits rouges et de violette. Vous pouvez y déguster aussi une cuisine inventive. En sortant de Au Nouveau Nez, vous pouvez flâner dans cette artère où vous trouverez de nombreux commerces italiens, notamment Paisano et le point de vente de la fromagerie Cooperativa Latte Cisternino qui propose également de la charcuterie et des pâtes fraîches.

Au nouveau nez : 104 Rue Saint-Maur, 75011 Paris, France

Paisano : 159 Rue Saint-Maur, 75011 Paris

Cooperativa Latte Cisternino : 46, rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris

Pour cuisiner à la maison, où te fournis-tu à Paris ?

Mon épicerie fine fétiche est sans aucun doute RAP, j’y trouve tous les produits de qualité que je souhaite, allant des fromages à la charcuterie en passant par les vins. Avec Alessandra Pierini je parle de mes nouvelles idées de recettes et elle me donne ses avis toujours judicieux et me conseille les meilleurs ingrédients pour les réaliser. Aux Saveurs d’Italie, non loin du marché Secrétan, j’apprécie l’équipe et sa démarche de negozio leggero. Principe écologique de « courses légères », en vrac et sans emballage.

Epicerie RAP : 4 Rue Flechier, 75009 Paris

Saveurs d’Italie49 rue Meaux 75019 Paris

Un crémier ou fromager qui vendrait une buffala ou un pecorino exceptionnel ?

Pour un bleu de bufflonne époustouflant, je vais voir Nicola qui tient Raffinati, rue de Clignancourt. Il propose de nombreux fromages italiens rares et affinés. En revanche, la ricotta et la mozzarella di buffala je les prends chez Nanina, rue Basfroi. Ils les font eux-mêmes et elles sont on ne peut plus fraîches. J’y prends aussi du burro di buffala (beurre de bufflonne), produit rare et limité, qui peut néanmoins être commandé. Matière première précieuse et raffinée pour la réalisation de « vrais » mets italiens.

Raffinati : 74ter Rue de Clignancourt, 75018 Paris

Nanini : 24 bis Rue Basfroi, 75011 Paris

Pour tes légumes frais ?

Les légumes frais je les achète à l’épicerie MIAM dans le dix neuvième ou au marché de l’olive, vers Max Dormoy.

Et les pâtes fraîches ?

J’avoue que les pâtes fraîches je n’en achète jamais, je les fais moi-même avec ma fille… et ma machine Marcato ! Cette activité me déstresse après une longue journée de travail, notamment, lorsque je regarde ma fille se régaler avec les tagliatelle aux œufs.

Pour la viande, le poisson ?

Pour la viande je vous conseille de passer commande sur le site web d’Antoine Pineau. Elle est bio et de qualité excellente. La livraison a lieu une fois par mois. Concernant le poisson je fais confiance au Terroir d’Avenir, rue Jean-Pierre Timbaud.

Quelle est la shopping list Italienne idéale pour la maison ? Les produits à avoir impérativement dans ses placards ?

Si vous ouvrez mes placards, vous y trouverez, pêle-mêle : de nombreux produits de Sicile, comme des amandes d’Avola, des pistaches natures de Bronte, des anchois et de la sauce d’anchois (colatura di Alici di Cetara),des câpres de Pantelleria, du piment fort de la marque « Me li cucco« , et bien sûr, mon péché mignon, une tablette de chocolat de modica Crudo au sucre de moscovado (sucre de canne non raffiné) Je cuisine avec l’huile d’olive extra vierge « Olio nuovo San Potente »  produite, depuis plusieurs générations par la famille Tonti installée en Ombrie. Je me sers aussi de l’huile des Pouilles élaborée par le Frantoio Muraglia.

Mon péché mignon, une tablette de chocolat de Modica en Sicile, un Crudo au sucre de moscovado

Une recette italienne simple à partager pour cet hiver ? 

Des pâtes, faites maison, avec de la farine d’épeautre (ou en version sans gluten avec de la farine de sarrasin), cuisinées avec un ragout à l’agneau et aux graines de fenouil.  Ou bien une soupe de pois chiches ou une soupe avec des maltagliati (pâtes en losange).  En Italie, en hiver, nous aimons les plats riches et copieux !

As-tu en tête le projet d’un autre Italien à Paris qui t’emballe particulièrement ?

Je suis admirative du travail de Matteo Pellegrinuzzi. Un photographe talentueux qui met en valeur les icônes, ses clichés parviennent à donner l’illusion de la peinture.

Merci Sara !

Contact : Sara Rania – Cuisine Italienne Paris

La cooking Class #RisottoMaster le 20 février de 18h30 à 22h00 chez Cooking Baz’Art (réservation ICI)

Par Ali

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