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“L’appartement milanais” par Constance Gennari, fondatrice de The Socialite Family
J’ai rencontré Constance Gennari il y a presque 5 ans lors d’un de ses passages en Toscane. À l’époque, elle s’était associée avec Marianne Gosset il y a peu et elle s’apprêtait à déployer sa plateforme avec un e-commerce. The Socialite Family est né comme un média, fait de reportages dans des familles cools, inspirantes, de caractère. En grandissant, la plateforme Digital Native a pris confiance et s’est naturellement enrichie d’une ligne de produits, de meubles, et d’objets de décoration qui résument le style de Constance et racontent ses liens forts avec l’Italie. Et particulièrement Milan. En live sur Instagram durant le confinement, nous avons échangé sur les codes d’un appartement milanais et sur sa manière d’envisager la décoration. En voilà un résumé.
Toutes les photos sont signées The Socialite Family
Bonjour Constance, peux-tu nous parler de tes origines italiennes et de l’influence que cela a sur ton travail?
Toute ma famille paternelle est à Milan, mon frère Paolo y vit aussi. Avec mes frère et soeur, on a été élevés entre Paris et Milan, on a vraiment eu une double éducation franco-italienne. D’un côté, j’avais une mère française qui passait son temps aux puces, à Drouot, qui vivait dans un décor théâtral, sur fond de musique baroque. Et de l’autre, j’avais l’inspiration italienne, avec Milan, qui est vraiment le berceau du design, une ville hyper intéressante et assez méconnue. Elle peut paraître un peu froide et figée dans les années 60 quand on ne la connaît pas bien, mais elle gagne vraiment à être découverte. C’est pour moi une source d’inspiration de dingue, notamment pour la collection The Socialite Family lancée il y a 3 ans avec Marianne Gosset.
Qu’est-ce qui te fait vibrer particulièrement à Milan?
Les immeubles, leurs entrées, les appartements… c’est une ville que je trouve fascinante. Beaucoup d’immeubles ont été imaginés par des architectes qui font école dans le monde entier: Giò Ponti, Piero Portaluppi, Luigi Caccia dominioni. Ils étaient d’abord architectes mais aussi designers, ils allaient jusqu’au bout de leur démarche et d’un projet. Et puis l’élégance nonchalante qu’on retrouve chez les milanais et chez les italiens en général : prendre un temps fou pour se préparer, se faire beau, puis monter sur sa bicyclette cabossée et un peu s’en foutre. Et puis, prendre son temps, oui, ça c’est important! En Italie on va prendre le temps de discuter avec quelqu’un que l’on aura croiser par hasard. Les italiens ne sont pas en retard pour rien.
À Milan et en Italie, j’aime cette nonchalance élégante
Parles-nous plus en détail des entrées de ces immeubles milanais. Qu’est ce que tu retiens ?
Elles sont folles, faites de mélanges de couleurs de marbre, avec des suspensions qui valent une fortune (elles sont indémodables et s’arrachent aux puces de Saint-Ouen car à Milan, ils n’en peuvent plus et veulent moderniser!), les boiseries, les finitions, les poignées de portes… Il y a d’ailleurs un livre qui est sorti il y a 2 ans pendant le salon du meuble de Milan, aux éditions Taschen, ‘Entryways of Milan’. Sublime.
Et puis ces entrées répondent à certains codes: le marbre, le terrazzo, le travertin… On en a joué d’ailleurs dans notre boutique rue Saint-Fiacre, un espace qu’on a pu ouvrir pour présenter toutes nos collections. Le brief avec Stéphanie Nizet, notre architecte, c’était vraiment les entrées milanaises: on a fait couler un terrazzo personnalisé et on a mis du travertin sur quelques parois, même en cache-radiateur.
Peux-tu nous en dire plus sur les matériaux typiques que l’on trouve dans les appartements Milanais ?
Le marbre, c’est vraiment la base du style italien. Les carrières de Carrare sont célèbres pour certains types de marbre et Michelangelo allait y choisir le sien, qui à l’époque devait absolument être d’un blanc immaculé et sans veines. Il existe toutes les déclinaisons possibles de marbre et les italiens aiment en jouer. Pour notre table Carlotta, on peut choisir son type de marbre, il sera brun, blanc, vert… et toujours très veiné, cela lui donne beaucoup de caractère, de chaleur. Il y a aussi le terrazzo et ça c’est une “création”. En effet, il est produit à partir de résidus de marbre ou de pâte de verre que l’on coule dans du ciment. A la base, c’était un peu la matière du pauvre, car faite avec les restes, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Puis il y a le travertin qui est une matière minérale, poreuse, très spéciale car vivante, pleine d’aspérités et de trous. Michele Pasini et Barbara Ghidoni (du studio d’architectes Storage Associati qui est une référence) font venir du minéral dans les intérieurs et utilisent une pierre d’extérieur proche du travertin, très grise, par exemple pour construire des bars. C’est leur signature.
L’Italien mélange avec beaucoup d’humour et c’est ça que j’aime, ça permet de désacraliser l’approche de la déco.
Trouves-tu une forme de minimalisme dans les appartements milanais ?
Oui et je pense tout de suite à la cuisine. Les italiens vont mettre un vrai budget dans la cuisine car elle est essentielle et centrale à la vie, avec des marques comme Boffi ou Alpes Inox. Ils y passent beaucoup de temps, cuisine oblige, donc en général ce sont des cuisines très belles, épurées avec de l’inox et soignées dans les détails. Je pense aussi aux appartements de Barbara Ghidoni, de Roberto Baciocchi, des gens passionnés qui font des mélanges… L’Italien mélange avec beaucoup d’humour et c’est ça que j’aime, ça permet de désacraliser l’approche de la déco. J’ai photographié énormément d’appartements à Milan et je ressens une émotion encore plus forte qu’à Paris, sûrement grâce à cet état d’esprit.
Comment fait-on pour avoir une approche justement plus simple et naturelle avec la décoration? Il n’est pas toujours facile de s’écouter, d’avoir confiance en ses goûts.
C’est une de nos missions , on essaie de pousser les gens à ne pas suivre les codes, en espérant qu’ils attendent et tombent amoureux d’une pièce. On a tous besoin d’inspiration évidemment (via Instagram ou Pinterest par exemple), mais il ne faut surtout pas se saigner pour une pièce si on ne la comprend pas ou si on est pas totalement fan. Il faut désacraliser la déco et faire en sorte que chacun réussisse à se créer un intérieur personnel. L’important c’est ressentir une émotion, que le cadre de notre intérieur nous fasse du bien. Du coup dans nos reportages, on essaie toujours d’alterner des propositions de rêve, sur l’intérieur de quelqu’un qui est un architecte ou scénographe et quelqu’un qui s’en fiche des signatures mais va avoir du flair pour trouver des trésors dans un vide-grenier, les mélanger avec des pièces de famille et le résultat sera dingue.
Comment choisis-tu d’ailleurs les intérieurs que tu photographies pour le site? Quels sont tes critères ?
On sélectionne les appartements qui ont une âme avant tout, surtout pas parce qu’il y a telle ou telle pièce de designer, ce n’est pas ça qui est intéressant. J’ai besoin de ressentir une émotion. Parfois quand je photographie des appartements, j’ai envie de pleurer ! La composition, la recherche, les accidents… tu ressens l’âme de la personne, sa façon de vivre, sa personnalité. Ce qui m’intéresse, ce sont les aspérités. Parfois, je demande aux gens “donnez-moi vos clés, ne rangez pas trop, laissez-moi voir vos miettes”. Je veux tout voir, leurs lectures, ce qui les anime et ce qu’ils aiment.
La composition, la recherche, les accidents… Dans une décoration, tu ressens l’âme de la personne, sa façon de vivre, sa personnalité. Ce qui m’intéresse, ce sont les aspérités.
Parle-nous des contrastes que tu aimes tant créer.
J’adore par exemple le velours. Avec notre collection j’ai tout de suite voulu créer des produits dans ce tissu. J’aime qu’il soit intéressant à marier avec d’autres matières dans une pièce, comme le bois, l’acier, l’inox, le laiton… Des contrastes colorés et de matières. Et puis bien souvent, les produits que je crée sont un hommage à une histoire personnelle. Pour les coussins en velours Bomboloni, c’est Forte dei Marmi, où on mangeait les bomboloni tout rond et plein de crème sur la plage à l’heure du goûter quand la dame passait avec sa cloche… En fait, tous les produits de la collection sont des ricordi d’infanzia (souvenirs d’enfance). Et puis, ces coussins sont fabriqués avec des velours Made in Italy sublimes. Il y en a plein de sorte : velours ras, velours de mohair, ils apportent tous une lumière particulière et c’est ça que je recherche.
Justement en parlant de lumière, les italiens savent mettre en scène leur décoration en jouant avec. Quelle importance a t’elle pour toi dans la construction d’un espace ?
L’ambiance lumineuse d’un endroit fait tout. Le choix des ampoules est important, il faut les choisir chaudes. Je me rappelle des dîners de copains avec une lumière du type néon, ça gâchait tout ! Le soir, j’adore avoir des lumières plus tamisées dans les coins, j’éteins l’éclairage principal. On peut jouer facilement là-dessus chez soi. J’aime aussi les suspensions anciennes magistrales au-dessus de la table de la salle à manger par exemple et les tempérer avec d’autres luminaires, peut-être plus modernes. On travaille beaucoup pour les espaces de coworking “The Bureau”. L’architecte Franklin Azzi s’occupe de toute la partie chantier, nous on fait le sourcing pour les points lumineux. J’adore mélanger l’ancien à du neuf, chiner, c’est ça qui fait la différence.
Tous les produits de la collection sont des ricordi d’infanzia (des souvenirs d’enfance)
Que ce soit les pieds des lampes, les coussins ou le canapé Nonna, vous faites un vrai travail sur la couleur. Comment travaillez-vous vos palettes et sont-elles inspirés des couleurs de Milan ou de l’Italie ?
C’est génial que tu me poses la question car on sort en mai une gamme de peintures. La couleur fait partie de l’ADN de The Socialite Family depuis le début. On a beaucoup travaillé sur des couleurs très fortes dès le départ. Là, on va un peu calmer le jeu sur le mobilier et rester plus sur le bois et concentrer la couleur sur les murs. Notre idée c’est de proposer 3 familles de couleurs, avec lesquelles nous raconterons une histoire. L’idée est d’aider les gens à ne pas partir dans tous les sens, on va les guider, car la couleur c’est un métier. Pour accompagner cela, on va sortir également un papier texturé à peindre.
On va suivre ça de près. Un autre projet dont tu veux nous parler?
On va sortir un fauteuil à la fois pour l’intérieur et l’extérieur avec des coussins spéciaux. C’est un début de salon … et c’est la première fois que l’on propose du mobilier pour la terrasse ou le jardin !
Quelques conseils pour aménager une terrasse ou un balcon à la milanaise?
Ce n’est pas toujours facile, les propositions en matière de mobilier d’extérieur sont un peu restreintes, je conseillerai plutôt de chercher du vintage de jardin. On peut aussi jouer sur de beaux coussins, qui viennent ponctuer un univers uni si les gens ne veulent pas prendre trop de risque. J’aime les chaises un peu larges où tu peux rester longtemps, le bois d’extérieur, le métal est aussi magnifique, un peu ancien. Le style tubulaire arrondi de Gae Aulenti est dingue.
Le mot de la fin?
Prenez des risques! On a tous une personnalité, on est tous créatifs. Allez-y! Mettez chez vous des chinoiseries que vous détestiez quand vous étiez petits si jamais cela vous tente, repeignez votre chambre du sol au plafond… Je repense à Daniele Daminelli (ancien assistant des Dimore), qui a imposé à sa femme une couleur parme aux murs alors qu’elle ne voulait que du blanc partout. A la fin, elle était tellement contente d’avoir dit oui, ils ont finalement mis ce parme dans toutes les pièces principales! Pour l’humeur, la couleur, c’est important, au teint ça aide aussi à avoir bonne mine. Bref, cela fait un bien fou mais il faut apprendre à bien la choisir… D’ailleurs, si les gens hésitent sur la couleur d’un meuble, d’un objet ou d’un tissu, ils peuvent envoyer une photo de leur intérieur et nous sommes toujours ravis de les conseiller! Il suffit de nous écrire à shop@thesocialitefamily.com ou contact@thesocialitefamily.com
Mille mercis Constance!
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Lampe Gioia Amande
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Table basse Carlotta en marbre marron et pieds rouge
Coussins Bomboloni dans les couleurs de #CasaMarchi
Par Ali
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