BOBINE
BOBINE #7 Le feu sacré
Salut les adoré(e)s !
J’avais envie d’aborder le thème de la créativité avec vous, tant il est fondamental dans mon quotidien et pour mon bien-être.
Je n’ai malheureusement jamais eu de « talent » artistique particulier, ce qui a longtemps contrarié mon rapport à la créativité. J’aurais adoré avoir une étiquette qui me définisse bien clairement (« calligraphe », « sculptrice », …. vous voyez l’idée).
Au lieu de cela, j’ai toujours adoré dessiner MAIS j’avais une cousine qui était un génie du crayon, donc je n’ai jamais imaginé pouvoir m’améliorer et arriver un jour, à son niveau. C’est revenu souvent dans ma vie finalement, cette idée d’avoir quelqu’un à côté de moi qui poussait le talent très loin dans quelque chose que j’aimais faire, et que cela me détourne très rapidement du dit-sujet (on s’en reparle). J’ai toujours aimé les couleurs MAIS pas au point de peindre en ayant une vision précise du message que mon art devrait délivrer. Alors oui, il y a peut-être un talent dans la comédie car j’ai fait beaucoup de théâtre plus jeune. Mais franchement, je n’ai jamais suffisamment cru en moi pour me lancer en pro, tenter le coup. Est-ce un regret ? Peut-être, mais j’ai la satisfaction d’avoir injecté tout ça dans beaucoup de projets Ali di Firenze (la web série, les réseaux, etc).
Je crois que ce qui a été fondamental, c’est le moment où j’ai compris que la créativité n’était absolument pas liée à la maitrise d’un art qui donnerait naissance à une production artistique à proprement parler. Elle est en fait une façon de vivre sa vie, de la penser pour soi et pour les autres, au travail comme à la maison. Bref, c’est une « façon de faire » dont il faut entretenir l’esprit, l’ouverture, l’envie. Le simple fait d’avoir des idées EST créativité, le simple fait d’imaginer des systèmes pour y arriver, EST créativité.
J’ai lentement fait évoluer mon rapport à la créativité en fréquentant des artistes à Florence. C’est en les voyant vivre leurs arts, chacun/chacune dans un univers très personnel, que quelque chose a été transmis, sans complexe, pour faire frémir ma créativité à feu doux.
Chez la peintre Fiona Corsini par exemple, j’ai appris que l’on pouvait être une artiste sur une plage horaire bien définie (de 6 à 9 pour elle ! Puis elle enchaîne sur complètement autre chose). Je l’ai vue autant aimer les RITUELS qui accompagnent sa créativité, que le moment de la création en lui-même.
Chez la calligraphe et artiste Betty Soldi (mon bureau était dans le même jardin qu’elle), j’ai appris à jouer, pour le plaisir de faire, comme ça, sans but, pour la beauté du geste. J’ai vu comment les erreurs pouvaient aussi nous embarquer dans de nouveaux territoires à conquérir. J’ai aussi compris comment il fallait soigner le lieu de sa créativité, en faire un espace qui nous ressemble ET accepter de le faire évoluer quand on en a envie. Cette idée que rien n’est figé, que la créativité nous accompagne et qu’il faut savoir la suivre.
La maternité, m’a aidée aussi à être en contact avec ma créativité. Qui l’aurait cru ? J’ai très vite su quel type de mère je ne réussirais jamais à être (mère inquiète, mère pot de colle, mère qui se définit avant tout par la maternité). Mais j’y ai vu une porte d’entrée, pour être une mère aussi authentique que possible, en vivant ma créativité auprès de mes enfants, sans jugement. J’aimais cette idée « d’être moi avec toute ma folie » pour insuffler une forme de liberté et leur laisser de l’espace pour imaginer des choses à leur tour. Cela s’est traduit par des choses très simples.
> Créer des carnets à remplir quand on part en voyage ou que l’on va au musée (à cause de ça, Bianca a presque été plaquée au sol par des agents de sécurité au musée Chagall de Nice MAIS C’EST UNE AUTRE HISTOIRE).
> Faire des journées solo surprise avec eux pour voir la magie dans leurs yeux et faire des souvenirs.
> Inventer des ateliers à la maison pour les occuper (on fait semblant d’être à l’hôtel, on crée des bouquets, on pique-nique dans le jardin comme si on était encore au Maroc sous les tentes trop belles).
> Trouver des systèmes amusants pour faire passer plus en glisse la dyslexie de l’un d’entre eux. La forme du « jeu » à considérablement aidé le développement de la confiance en soi et l’envie de faire les devoirs.
Mais si j’ai envie d’écrire cet article aujourd’hui, c’est parce qu’il y a 2 ans, mon flot créatif, ma source, s’est tarie. Aujourd’hui, j’ai tout le recul nécessaire pour comprendre ce qui s’est joué à ce moment là, mais sur le coup je l’ai très mal vécu car je me suis sentie totalement dépossédée de moi-même, un peu comme une coquille vide. Cette idée aussi d’avoir toujours vécu avec quelque chose de vivant à l’intérieur, et de le voir disparaitre sans comprendre.
Du jour au lendemain, des choses qui m’excitaient, ne m’excitaient plus du tout. Pire, je n’avais plus d’idées, plus de nouveautés un peu fofolles à soumettre à mes équipes, qui avaient pourtant l’habitude de me voir débarquer le lundi avec un « J’ai eu une idée, voilà ce qu’on va faire ! ». Je me suis vue créer des déclinaisons de choses déjà faites, créer un kit qui m’emballait quand même moins qu’un autre produit créé l’année d’avant. De base, j’étais toujours en TRANSE à chaque fois que l’on lançait quelque chose, je me suis sentie en imposture de ne plus donner 1000% de moi-même.
Je n’y arrivais plus et il m’a fallu forcer le truc pour continuer.
Alors spoiler, on ne force pas sa créativité, tout simplement parce qu’on n’est pas maître à bord. Tout ce que j’ai pu faire dans les mois qui suivaient, c’est créer doucement les meilleures conditions possibles pour qu’elle revienne. Comme un petit chemin balisé pour qu’elle retrouve la direction de la maison. Je n’ai pas envie de m’étendre sur les causes (elles sont liées à ce que j’ai vécu à l’époque, voir Bobine #1 mais aussi Bobine #5 sur l’énergie), j’ai plutôt envie de vous lister ce qui m’a aidée à remonter la pente :
1/ Marcher, marcher, marcher. J’ai la sensation de n’avoir fait que ça l’année dernière. Cette idée de s’aérer l’esprit, de créer de l’espace. Le vide est pour moi fondamental afin de planter de nouvelles graines. Il y a aussi cette idée d’accepter le jeu de la créativité … pour que la magie opère, il faut nourrir cet espace particulier fait de « rien » et laisser venir tout doucement.
2/ La créativité est une sorte d’impulsion qui sort parfois de nulle part. Elle s’exprime d’un trait, bondit ! Difficile d’avoir ce sentiment quand on est mal dans son corps, qu’il est bloqué d’une manière ou d’une autre et que du coup, on se sent « fermé ». Travailler sur lui (sport, marche, massage, ostéo), c’est une façon détournée de se détendre pour laisser la créativité revenir et s’exprimer.
3/ Consulter mes livres préférés. Matisse, Dufy, design italien, palais vénitiens, galerie de portraits … Voir du beau chez d’autres ne m’a jamais frustrée mais plutôt inspirée. Et puis parfois, j’essaie simplement de copier pour être dans la pratique, dans la manualité (OUI je copie des Dufy, #MODESTIE). Faire cela, c’est aussi créer « un moment ». Un bon thé, les jambes repliés sous moi bien installée dans mon joli fauteuil. Si rien ne vient … j’ai quand même passé un bon moment.
4/ Adieu instagram, bonjour Pinterest ! Les deux réseaux sociaux ont une démarche totalement différente et me remettre à Pinterest me fait un bien fou. J’y crée des tableaux en fonction des thèmes du moment, d’une esthétique que j’ai découverte et qui m’a plue. Je « collecte » et cette collection d’images finit par être un joyeux foisonnement qui fait bouillir ma marmite. D’ailleurs, dès que j’ai un sentiment de frustration sur Instagram, HOP, je sors et je vais « glander » beaucoup plus activement sur Pinterest (je finis toujours par piner des choses, je ne scroll pas sans but, j’ai une attitude de curiosité plus saine).
5/ Pour rester sur le thème des réseaux sociaux, si je suis en panne de créativité, je me désabonne ou met en sourdine tous les comptes qui me frustrent. Je me concentre sur les comptes qui m’inspirent, me motivent, me font réfléchir (j’adore la démarche créative d’Alix Petit Kece, la fondatrice d’Heimstone que j’avais interviewée ICI).
6/ La créativité est pour moi tellement personnelle, qu’il faut encourager une forme de confiance en soi. S’écouter, s’exprimer, assumer ses goûts et ses envies. Si j’aime « copier » en redessinant les oeuvres que j’adore, c’est pour moi un échauffement à la créativité et pas une expression de mon flux à moi. L’idée c’est peut-être de multiplier les sources d’inspiration pour ensuite aller creuser quelque chose de tout à fait personnel. Timidement au début, puis d’y aller de plus en plus franco.
7 / Il y a aussi cette idée de créativité « à mi-temps » qui fait redescendre la pression. Ce n’est pas parce que j’aime peindre à l’aquarelle, que je dois y passer 12 heures par jour ! Cela peut être 15 minutes dans ma semaine, durant les vacances, et c’est déjà bien suffisant. J’ai souvent vu dans les Fugues Italiennes des femmes se mettre une pression d’enfer pour caser une expression artistique quelle qu’elle soit, dans leur quotidien. Il y avait bien sûr un agenda très rempli à gérer, mais aussi cette idée d’effort à fournir, de résultat. Je crois qu’il est important de se laisser un peu tranquille et de prendre avant tout du plaisir. Quelle joie quand on a passé 20 minutes avec ses pinceaux et que l’on n’a pas vu le temps passé !
8/ Quand je suis en panne, il faut repartir de la base. J’aime les couleurs ? Je me contente de faire des traits de jolies teintes en peinture ou pastel. Puis la fois d’après je teste les superpositions de couleurs, je joue avec les transparences. Puis la fois d’après je … etc. J’aime écrire ? Je prends 5 minutes le matin pour déposer mes rêves et mes idées, même écrit à la va vite avec des mots clé. Je dois FAIRE pour ouvrir comme une porte, et laisser venir ce qui viendra (ou pas 🙂 et ça je dois l’accepter).
9/ J’ai aussi compris que la répétition était un tremplin créatif. Je vous prends l’exemple simple des BOBINES que je peins pour illustrer chaque article ICI sur le site ou les réseaux. Et bien c’est un exercice formidable de recherche de petits variations autour d’un thème que je m’auto-impose. Je fais des recherches, je m’inspire de tout autre chose (une newsletter de marque dont la Direction Artistique me touche) et je m’amuse – franchement – comme une folle.
10/ Soigner mon chez moi. C’est bête, mais avoir une maison qui me ressemble me fait du bien car c’est un cocon rassurant où je « lâche » un peu, je suis moi-même. Je peux observer chez moi les trésors que ma créativité a déjà produit et en cas de crise existentielle créative, je trouve ça rassurant de me rattacher à quelque chose de concret qui me fait dire « oui j’ai été créative un jour » !
11/ J’ai appris de Fiona Corsini qu’on pouvait aussi orienter sa pratique. Elle possède un vieux chapeau dans lequel elle a déposé des souvenirs et des mots. Elle va y piocher des choses pour lancer sa pratique le matin. Elle rebondit sur un mot, sur une destination que lui rappelle l’objet. Elle a aussi un livre sur le « I Ching » (méthode divinatoire chinoise) qui crée de nouveau une direction. Je l’ai aussi vue détourner des objets pour n’être entourée que de choses qui ont un sens. Comme elle, j’utilise désormais la timbale de baptême en argent de ma fille pour mettre l’eau pour mes aquarelles. C’est beau, et c’est tout.
Voilà tout ce que j’avais envie de partager avec vous ! En terminant l’écriture, je me rends compte des similarités qu’il y a entre mon article sur l’énergie et celui de la créativité. 2 enjeux vraiment cruciaux pour moi.
Cette année 2025 marque un vrai tournant. Je souhaite changer mon rythme de vie, j’écris tous les jours. Je sens que ma créativité se ressert autour de thèmes fondamentaux et je pense être prête à la suivre, comme on tient très fort la main d’une amie avant de sauter dans l’eau en vacances. Ce n’est pas moi qui doit mettre ma créativité « au pas », mais bien l’inverse. Je dois lui faire confiance et donc ME faire confiance, pour voir où elle souhaite me mener et ce qu’elle doit me faire vivre. Un fil, de nouveau, à tenir bien fort, collé serré à mon instinct et à mon coeur qui bat déjà plus fort.
Je vous embrasse,
Alice
MES QUESTIONS
PRENDRE LA CONFIANCE. Écrire me permet de dérouler un fil et parfois d’y trouver un nouvel axe de réflexion ou de relecture des faits. J’ai vraiment tilté sur ce lien entre créativité et connexion profonde à soi, confiance dans ses capacités. Cela vous parle aussi ? Il est peut-être interessant d’interroger son propre regard sur la créativité avec le filtre de cette confiance en soi.
Ai-je suffisamment confiance en moi pour exprimer ce que j’ai envie d’exprimer, quelque soi la forme que cela prenne ? Ou, est-ce que j’ai le sentiment de retenir quelque chose ? Détendre mon corps peut-il m’aider à faire sauter une barrière ? Est-ce que j’accepte cette idée de créer du vide pour laisser venir quelque chose ou est ce que cela me terrorise ?
Qu’est ce que j’aimerais faire, là tout de suite, si j’avais 1h devant moi et zero contrainte ? Faire du diabolo ou poser un beau papier-peint dans ma chambre ? Qu’est ce que tout cela dit de moi?
Bon courage. Je suis lourde avec mes questions, I know.
L’ENFANCE, LE NOEUD. On se rappelle tous d’un souvenir d’enfance où nous aimions faire des châteaux de sable à triple remparts / dessiner sur la table de la cuisine / construire des fusées imaginaires. En grandissant, j’ai parfois été traversée par le sentiment de « honte » en repensant à quel point je poussais certains délires étant petite. J’étais À FOND DE CHEZ À FOND. Pourquoi est ce que je ressens ça et pourquoi ce sentiment d’être à 1000% me crée de la gène ? Il y a peut être cette idée que ma créativité prend parfois trop de place et je ne sais pas la gérer. En grandissant, il est parfois plus facile de s’arrêter de briller que d’exprimer toute la potentialité de son feu créatif. Ça me fait réfléchir cette histoire !
LA REPETITION. Je me dis que le point 9/ sur la répétition comme tremplin créatif peut être un terrain de jeu pour nous tous. Qu’est ce que je pourrais répéter tout en essayer de créer des petites variations ? Ça marche avec les formes en pâte à modeler avec les enfants, le crayon gris qui griffonne uniquement des triangles dans un carnet, la façon d’agencer la même liste de course chaque semaine ou bien de s’habiller autour d’un uniforme que l’on aurait.
MES RESSOURCES
LIVRES. Découvrir le « i Ching » auquel Fiona Corsini nous a initiées avec les fugueuses. ICI
> Le dernier livre qui m’a inspirée ? Celui sur l’histoire de l’art en 80 palettes, cadeau de ma maman à noël. ICI
> Je viens de commander « Comme par magie » d’Elizabeth Gilbert (l’autrice de Mange, prie, aime) dédié à la créativité. Je vous dirai !
> La calligraphe et artiste Betty Soldi a écrit un livre très chouette il y a quelques années, il s’appelle « Osez la calligraphie ». Il ne sert pas à devenir calligraphe mais à se réapproprier quelque chose de nous via la manualité. ICI
CITATION. « Il faut avoir une part de délire, c’est la poésie, c’est l’incertitude, c’est l’hésitation, c’est le trouble, et c’est la source de la créativité. »
Boris Cyrulnik, est le psychiatre qui a développé la théorie de l’attachement et a beaucoup travaillé autour du concept de Résilience.
PODCAST. Chez Adrien Garcia dans son podcast « The Bold Way », Alix Petit décortique sa mécanique de créativité, sa façon de faire du business, ses erreurs et son rapport à l’IA. Passionnant ! ICI Chez Generation Do It Yourself, c’est Eric Tong Cuong qui passe à la casserole pour 2h d’interview sur son métier de créatif en agence de publicité. Il y a parle de l’importance des contraintes, de la forme comme le fond remontant à la surface, de l’effort de créativité et l’infini des possibles avec les technologies modernes (No Limit!). ICI
APP. Je viens de télécharger l’app dédiée aux Stratégies Obliques de Brian Eno (2,99€) et recommandée par Eric Tong Cuong. Via une carte par jour, on découvre une phrase ambigue qui nous oblige à réfléchir différemment et « penser à côté ». ICI
POCHETTE À MERVEILLES. En attendant d’avoir un bureau chez moi un jour, j’ai une pochette géante que j’appelle ma pochette à merveilles avec tout mon matériel créatif. Je ne me contente pas d’y mettre mes aquarelles, pinceaux, crayons, j’ai aussi des objets collectés, des jolies images, etc, bref un objet physique qui concentre « mon petit monde ». Quand le moral n’est pas bon, je pars « y faire un tour » et je me sens toujours mieux après, comme si je m’étais reconnectée à moi par le biais de mon bazar créatif.
Par Ali
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