Le journal de bord d'Ali di Firenze

DOLCE VITA, La difficulté de l’humour

Je m’en suis rendue compte cette semaine, comme une fulgurance. J’ai arrêté de tourner ma web série Dolce Follia du jour au lendemain en 2018, comme j’ai arrêté le théâtre du jour au lendemain il y a 18 ans quand je jouais 4 soirs par semaine à Nice. 

Terminado – Finito – On remballe.

Je sais qu’il y a un sujet qui cloche avec moi et l’humour, quelque chose qui est profond, qui ressemble plus à une blessure qu’à un lieu d’épanouissement. Peut-être parce que je suis finalement aussi drôle que dramatique, ou que cette facette de ma personnalité agit comme un pansement invisible sur ma sensibilité et parfois, le pansement lâche.

Rien ne m’angoisse plus que les messages adorables que je reçois chaque semaine « mais quand referas-tu des dolce follia ? » « oh les dolce follia me manquent, ils me faisaient tellement rire ». Je suis toujours très embêtée car je ne sais pas quoi répondre. 

Après tout, vraiment, QUOI RÉPONDRE ? 

Pourquoi arrêter quelque chose « qui marche » ?

Pourquoi arrêter quelque chose que les gens te demandent, qui leur fait du bien ? 

Pourquoi arrêter quelque chose qui est « toi », qui est censé représenter ta personnalité et que tu sais bien faire, qui te rend unique ?

 

La réponse la plus sincère serait d’écrire « j’en suis parfaitement incapable, je suis navrée ». 

 

Alors souvent j’explique que c’est « beaucouppppp de travail » (ce qui est vrai!). Pour faire rire, il faut un très bon texte, un sens de la réplique, un sens du rythme. Il faut organiser un petit shooting, jouer, monter, promouvoir. Cela me prenait 100% de mon temps la petite année où j’ai eu ce projet. Mais le noeud n’est pas là car quand on veut, on peut. Et chez Ali di Firenze, quand on a envie de faire quelque chose, c’est quand même très rare qu’on ne trouve pas de solution, qu’Emilie ne sache pas tout réorganiser pour me trouver du temps.

Donc le problème – j’y réfléchis pendant que j’écris – est peut-être de ce côté là. L’envie. Car on ne se déguise pas en 10 personnages en ayant moyennement envie de le faire. Il faut porter une énergie. 

C’est finalement avec un sentiment personnel de soulagement que j’accepte d’écrire que je n’ai plus la force morale immense qu’il faut pour donner à voir « ça ». Je me rends compte à quel point j’ai culpabilisé aussi les dernières années sur ce sujet. Je n’ai plus envie de cela, tournons la page, je crois que de toute manière elle l’est déjà.

Aurais-je pu être comédienne, écrire un spectacle, me lancer « là-dedans » à 20 ans ou 35 ? BOH comme disent les Italiens. Si j’ai le petit regret d’avoir abandonné à 20 ans (j’aurais aimé que le théâtre m’accompagne dans ma vingtaine pour toujours continuer à savoir qui je suis, comment j’existe seule sans les autres), globalement je suis très à l’aise avec mes décisions.

Les dernières années ont été merveilleuses pour la création de notre cocon à 5, mais cela a tangué fort sur d’autres sujets trop personnels pour être partagés ici. J’ai mes faiblesses, mes soucis, mes ruminations. Mes envies de partage sont allées ailleurs, de paire avec celle que je suis maintenant, ou peut-être que je deviens lentement. Plus proche de ma sensibilité, plus proche des mots. 

C’est finalement quelque chose de tout aussi personnel entre vous et moi, mais qui a pris une forme différente. Dans les Fugues Italiennes, en accompagnant les femmes, en les soutenant, en donnant beaucoup de moi, de nous, je fais un autre travail de partage. Si l’humour « touchait » les gens, les faisait sourire; les fugues le font d’une autre manière et je crois que c’est déjà pas mal ?

Je vis la vie que je me suis battue pour avoir, je fais rire quand j’en suis capable (demain nous allons tourner un REEL beaucoup trop débile et je ricane toute seule), je tiens, de manière invisible la main de 200 fugueuses. Mais je me dis aussi que c’est peut-être le contraire. C’est vous mesdames qui m’avez maintenue debout les dernières années, parfois, souvent, sans vous en rendre compte. 

Je ne referai pas de Dolce Follia comme un jour peut-être, je ne pourrais plus faire de fugues. Je crois que ça s’appelle la vie cette histoire ? La seule certitude que j’ai, c’est que plus je me rapproche de ma sensibilité, plus je m’ajuste, plus je comprends, mieux je vis, en paix avec celle que je suis. 

 

En attendant, profitons à fond de ce qui se présente à nous.

Je vous embrasse,

Alice

 

Retrouvez tous les épisodes de ma web série Dolce Follia ICI

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Par Ali

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