Conseils pour votre voyage en Italie
Les habitudes d’Alain Cirelli à Pietrasanta
Una bella vita (une belle vie) en Italie, c’est ce qu’Alain Cirelli a décidé de se construire il y a quelques années en quittant Paris pour la Versilia. Un choix peu commun, motivé par son amour du beau et de l’art (Alain est un passionné !) ainsi qu’une certaine philosophie du bien-être qu’il a trouvé dans ce petit coin atypique de la Toscane. Ne croyez pas qu’il se contente de vivre la dolce vita, en 2021, il a ouvert l’établissement hôtelier qui manquait à Pietrasanta et il peaufine actuellement les derniers détails d’un projet ambitieux dont on vous parlera très bientôt ! Retour sur notre rencontre dans le sublime bar de l’hôtel Paradis Pietrasanta.
Buongiorno Alain, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?
Je suis fils d’hôtelier-restaurateur savoyard. À 16 ans, j’ai décidé d’être cuisinier car mon père ne l’était pas et disait toujours “si seulement”. J’ai fait mon apprentissage à Paris chez Lasserre et puis j’ai continué à travailler dans des étoilés Michelin pendant un moment. À une époque, je bossais à L’Ambroisie, place des Vosges, j’étais le plus heureux du monde, mais j’avais envie d’autre chose donc il a fallu que je parte car je ne voyais pas un autre endroit à Paris où je serais mieux. D’abord, j’ai pensé à New-York, j’ai été invité par deux restos étoilés à faire des essais et je n’ai pas trouvé ce que je cherchais dans le travail, je ne m’épanouissais pas. Dans l’avion du retour, alors que je lisais le magazine Air France, je suis tombé sur un reportage sur l’Enoteca Pinchiorri à Florence. Pourquoi n’avais-je pas pensé à l’Italie ? À peine rentré à Paris, je leur écris, ils m’appellent et… j’y suis resté quasiment 5 ans.
Quel est ton rapport avec l’Italie?
Mes grands-parents maternels ont fui l’Italie en 1931 sous le régime de Mussolini, ma grand-mère était alors enceinte de mon père. Les étés, quand j’étais petit, la famille se réunissait soit en France, soit en Italie. Mes parents m’emmenaient souvent en Toscane, à Rome ou sur la côte amalfitaine. Je me faisais une joie de retrouver les cousins en été et j’ai toujours été attiré par l’Italie. Sa gastronomie, sa convivialité, cette chaleur très particulière.
Ça a été une révélation pour moi de m’installer à Florence, le plaisir d’être là-bas, les balades les week-ends en Toscane, je prenais aussi souvent le train pour Rome et Naples. J’ai trouvé ça merveilleux. Je suis ensuite rentré à Paris, j’ai ouvert mes propres établissements et la vie a continué.
Je me faisais une joie de retrouver les cousins en été et j’ai toujours été attiré par l’Italie. Sa gastronomie, sa convivialité, cette chaleur très particulière.
Comment as-tu découvert la Versilia ?
C’est une copine florentine qui me l’a fait découvrir. La mer, les collines, je garde un souvenir ému de la première fois. Ensuite, j’ai continué à y aller. D’abord à l’hôtel puis dans une maison de location, puis un jour tu t’éloignes avant de mieux revenir et là, tu visites un terrain, une maison et… ça fait 18 ans aujourd’hui que je suis devenu propriétaire à Capriglia (sur les collines au-dessus de Pietrasanta) !
On comprend très bien ton rapport avec la gastronomie mais quel est ton lien avec l’univers artistique ?
Quand je suis arrivé à Paris à 16 ans, j’allais passer les week-ends dans une partie de ma famille. Mon oncle était passionné d’art et à l’époque, ma cousine faisait l’école du Louvre. Grâce à eux, j’ai rencontré des antiquaires, des galeristes qui m’ont ouvert l’esprit. Je me souviens encore de mon 1er tableau (de l’artiste Allemand Günter Tollmann), j’avais 17 ans lorsque je l’ai acheté et j’ai mis 1 an et demi pour le payer, il m’avait coûté 5000 francs. Depuis, il y a toujours eu un lien avec l’art dans ma vie. Dans mon premier bistrot à Paris, par exemple, ma voisine était la veuve d’Yves Klein et venait manger à ma table et puis j’ai aussi eu la chance de rencontrer des critiques d’art. Et ça a continué.
Il y a toujours eu un lien avec l’art dans ma vie. Je me souviens encore de mon premier tableau, j’avais 17 ans lorsque je l’ai acheté et j’ai mis 1 an et demi pour le payer !
Quelles sont les raisons qui rendent Pietrasanta unique à tes yeux ?
Son histoire avec l’art et la sculpture en particulier. Ses artistes sont passionnés par leur travail, j’admire leur acharnement, leur façon de toujours trouver des solutions, l’alchimie entre la ville et eux crée quelque chose de magique.
Les artistes de Pietrasanta sont passionnés par leur travail, j’admire leur acharnement, leur façon de toujours trouver des solutions. L’alchimie entre la ville et eux crée quelque chose de magique.
À quel moment as-tu décidé d’y développer des projets ?
En 18 ans, tu apprends à connaître les lieux, tu crées des liens, tu observes, et un beau jour, tu as le blues de retourner à Paris et tu te dis “et pourquoi pas changer de vie ?”.
Je me suis demandé “que pourrait-on faire ici ?”. J’ai rapidement pensé au fait qu’il manquait un lieu qui pouvait mixer hôtellerie, restauration et mixologie. J’ai grandi dans un hôtel et je gardais un excellent souvenir de cette ambiance, donc Paradis Pietrasanta était la première pierre à l’édifice du projet. Un établissement à dimension humaine (12 chambres).
Si Paradis Pietrasanta est la première étape, peux-tu nous en dire plus sur le projet au global ?
Tout le projet est tourné autour du bien-être, du bien manger et de l’espace. L’espace, c’est selon moi le luxe du futur, on l’a bien vu avec le covid. Et le bien-être passe par l’alimentation. Je me suis dit que ce serait bien d’avoir notre propre jardin et de cultiver nos légumes pour le restaurant de l’hôtel et puis de fil en aiguille, on a trouvé un très bel espace et on a décidé de voir plus grand et de créer cette ferme agricole, Paradis Agricole, avec un agritourisme (9 chambres) et un espace pour événements privés (jusqu’à 400 personnes en extérieur ou en intérieur). Je pense qu’on est les seuls dans la région à offrir une structure comme ça.
L’espace, c’est selon moi le luxe du futur
Justement, quelle est l’approche bien-être dans tes projets ?
Notre objectif est de faire redécouvrir les plaisirs de la nature et de ce qu’elle peut offrir. On se concentre par exemple sur tout ce qui peut être créé autour de l’huile d’olive et de l’olive, la récolte notamment. On propose aussi des cours de cuisine locale avec les produits de nos potagers, des dégustations de vin,… La Toscane est une région riche en bons produits, on essaie de promouvoir au max le km 0, et surtout d’assurer 1 qualité de produit saine tout en travaillant dans la simplicité.
Est-ce que ton installation ici et le développement de ce projet a été source de nouveau souffle, nouvelle inspiration pour toi ?
Clairement. Je sens un renouveau, il y une autre perception de la cuisine ici en Italie, on n’utilise plus du tout les mêmes codes qu’à Paris. Je pense que la cuisine italienne plaît aujourd’hui parce qu’elle est simple, qu’on mise sur le produit avant tout. Une tomate, du basilic et une filet d’huile et ça suffit. Pour cette raison, la clientèle italienne est beaucoup plus exigeante et il y a une qualité de service de très bonne tenue en Italie.
Tu as vécu à Florence, qu’est-ce qui fait la différence pour toi dans la vie à Pietrasanta?
La différence est simple, c’est le calme et la tranquillité. Même si ce n’est pas Paris, Florence est une ville bruyante et chaotique, les rues sont stressantes car il y a beaucoup de touristes, de piétons et de scooters. À Pietrasanta, il y a une plus grande douceur de vivre.
Je pense que la cuisine italienne plaît aujourd’hui parce qu’elle est simple, qu’on mise sur le produit avant tout. Une tomate, du basilic et 1 filet d’huile et ça suffit. Pour cette raison, la clientèle italienne est beaucoup plus exigeante.
Où fais-tu ton marché en Versilia ?
Alors, tout ce qui est légumes et fruits, chez moi évidemment, à Paradis Agricole. Pour le reste, je fais principalement mes courses à Camaiore car à Pietrasanta, il n’y a pas vraiment de boutiques d’alimentation, il y a surtout des galeries d’art ! Je citerai tout de même la Boucherie Lanè qui est une institution à Pietrasanta. Et à Camaiore, je vais chez Bonuccelli qui fait traiteur et épicerie fine, il y a aussi quelques bons fromagers qu’on ne trouve pas ici à Pietrasanta.
Macelleria Lanè / Via Giuseppe Mazzini, 90 Pietrasanta
Bonnuccelli / Via V. Emanuele, 9 Camaiore
Où vas-tu pour prendre le café ou l’apéro à Pietrasanta ? Tu bois quoi ?
Pas d’adresse préférée, je flâne aux terrasses des cafés selon le positionnement du soleil ! C’est important de se laisser porter par cette douceur de vivre, aller à la rencontre des gens et des artistes à travers la ville. Mes commandes : un double café avec pot d’eau chaude le matin et pour l’apéro, un spritz au soleil, c’est parfait !
Tes restaurants préférés à Pietrasanta ?
J’aime le Quarantuno ici à côté et pour les grandes occasions, le restaurant Filippo, une institution de la ville. Si j’ai envie d’une bonne bistecca alla fiorentina, alors je vais à Il Vaticano et pour une pizza, je me rends chez Betty.
Quarantuno / Via Stagio Stagi, 41 Pietrasanta
Filippo / Via Padre Eugenio Barsanti, 45
Bisteccheria Il Vaticano / Via del Marzocco, 132
Trattoria Betty Chicca / Piazza Duomo, 33
Ton adresse sur la côte ?
Quand je vais à la mer, je vais plutôt à Lerici ou à Portovenere, cela me plait plus que les plages en Versilia. Mon conseil, aller manger dans un des deux restaurants de la Palmaria (la petite île face à Portovenere), un réel plaisir !
Pas d’adresse préférée, je flâne aux terrasses des cafés selon le positionnement du soleil ! C’est important de se laisser porter par cette douceur de vivre, aller à la rencontre des gens et des artistes à travers la ville.
Je pars du principe qu’une œuvre ne doit pas trôner, elle doit plutôt avoir l’air d’avoir toujours été là
Tes artistes ou ateliers d’artistes préférés ?
Il y en a tellement ici, ils ont tous leur personnalité, ils sont tous intéressants. C’est agréable de pouvoir se rendre dans les studios d’artistes quand ils sont en activité, il y a un côté magique. Je citerai Giuseppe Maiorana (sculpteur qui réalise de très beaux totems primitifs), Jacob Cartwright (ancien sculpteur de la Polveriere, un endroit connu ici), Nicola Stagetti (sculpture sur marbre, impressionnant !) ou encore la Fonderia Versiliese pour le travail du métal.
Un autre artiste ou artisan que tu as découvert lors de la création de Paradis Pietrasanta ?
Grâce à l’ouverture de l’hôtel, les artistes sont venus ici et j’ai pu rencontrer de nouvelles têtes. Je pense à un artiste du village qui est là depuis toujours, Antonio Barberi, qui a sa maison en face, et qui m’a ouvert les portes de chez lui. Un endroit dingue, avec de la mosaïque, de la sculpture, de la poterie, de la céramique, du dessin, … J’aimerais bien faire quelque chose avec lui à l’avenir, avoir quelques oeuvres à l’hôtel. Affaire à suivre.
Ta galerie favorite ?
Il y a 2 grandes stars à Pietrasanta : Flora Bigai et Barbara Paci, qui sont des incontournables absolus, mais j’aime également beaucoup la galerie de Susanna Orlando qui sort un peu de l’ordinaire. C’est une institution ici. J’aime le personnage, elle est chaleureuse. L’art chez elle se confond. Elle a de très belles sculptures mais elles se confondent dans son environnement, dans son ameublement. Et vu que je pars du principe qu’une œuvre ne doit pas trôner, elle doit plutôt avoir l’air d’avoir toujours été là, sa démarche me parle beaucoup.
As-tu un conseil original, inattendu de visite pour découvrir Pietrasanta ?
Visiter une des fonderies de la ville quand il y a une fusion ! J’ai encore assisté à une fusion il y a peu de temps, c’est toujours un moment magique, hors du temps. En plus, surprise,
après la fusion, ils ont fait cuire la bistecca sur le feu, la mère de l’artiste a mis la table au milieu de l’atelier, c’était inoubliable.
Une adresse où te ressourcer ?
Chez moi, sur la colline de Capriglia ! Dès qu’on prend 1 peu d’altitude en Versilia, on a une vue imprenable sur la mer, la Corse, l’île d’Elbe, et on a des levers et couchers de soleil fantastiques !
Pour terminer, peux-tu nous partager une recette que tu te plais à préparer à tes amis quand ils viennent te rendre visite ?
Grâce à notre ferme on a 1 très bon ail, de bons petits piments et du persil frais, donc j’aime cuisiner la pasta aglio olio peperoncino, c’est celle que je réussis le mieux !
Grazie mille Alain !
Retrouvez notre #HotelHunting sur l’hôtel Paradis Pietrasanta ICI
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Par Emilie Nahon
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