Le journal de bord d'Ali di Firenze
Liberté dans la contrainte, comment booster sa créativité
Si il y a bien une réussite dans cette période particulière, c’est mon oreille attentive aux frémissements internes de ma créativité. Attention, je ne me suis jamais sentie « artiste » d’une quelconque manière mais j’apprends à respecter de plus en plus cette fibre créative qui m’anime. Car après tout, jouer des personnages dans des vidéos, inventer des formats de partage, produire des images pour le site ou les réseaux sociaux, demandent de la créativité. Et quand je parle « d’apprendre à respecter cette fibre créative », c’est que je me rends doucement compte du manque d’empathie que j’ai à mon égard aussi là-dessus.
J’en parlais lors de notre premier évènement Italian Joie de Vivre le 16 mai dans le cadre d’une discussion sur la fugue. Pendant très longtemps, j’ai manqué de respect à ma propre personne en dénigrant systématiquement mes besoins. Ressentir le besoin de prendre l’air pour ne pas péter un câble à la maison ? Pffff Alice, un pur caprice. Vous voyez l’idée.
J’ai appris qu’écouter puis accepter les envies et les émotions qui me traversaient sans que je les contrôle, était un excellent point de départ à de vraies réflexions de fond. Voilà, la créativité en est une.
J’avais donc envie de dresser la liste de tous ces instants qui m’ont fait un bien FOU pendant le confinement, car je me suis foutue la paix à moi-même, je me suis laissée bercer par une vague créative sans savoir là où elle me porterait. Elle m’a emmené loin du rivage et que c’était bon …
- Premier réflexe, ouvrir mes livres, achetés en coup de cœur, mais jamais vraiment découverts en profondeur. Peinture de Matisse, Dufy ou Von Dongen, dictionnaire de la mode, images de cinéma italien … mon objectif ? Créer à l’intérieur de moi un nouveau catalogue d’images qui me plaisent, m’inspirent, me serviront peut-être un jour pour un projet.
- Des nouveaux rituels de « pause » dans mon quotidien qui sont associés au fait que j’ai vraiment « vécu ma maison » pendant 70 jours. J’ai donc créé de nouveaux cocons, des bulles, comme ce café (beaucoup trop long et pas du tout italien) pris sur la terrasse de ma chambre tôt avant mon yoga. Un réveil des sens, l’air plus frais du matin, le corps qui se délie, les pensées qui bullent en suivant les lignes du paysage.
- Ouvrir la boîte de pastels et crayons de mon enfance (ma mère me l’a envoyé pour mes enfants, elle doit vraiment avoir 25 ans) et me rendre compte que moi aussi je peux jouer avec. J’ai un produit que je souhaite développer pour l’e-commerce qui demande de la créativité. Par timidité, je m’étais dit que je le ferai faire à quelqu’un, mais en démarrant un brief, je me suis rendue compte que je pouvais pousser tout cela plus loin et tenter moi-même de dessiner la base. Les pastels et la rapidité avec laquelle je peux avoir une ébauche m’ont permis d’avancer vraiment et de créer des planches d’inspiration pour un moodboard.
- Penser, vivre, réfléchir avec la couleur. Ma babysitter porte du mauve et du vert ? Je fixe cette combinaison enchantée dans ma tête. La porte du voisin est gris-bleu, son mur rouge ? Je réfléchis et j’intègre tout cela dans ma réserve interne à couleurs. La couleur stimule quelque chose de très fort en moi, j’ai un chemin à avancer de ce côté-là.
- La créativité se travaille, s’organise, mais il faut aussi parfois savoir la laisser venir. Marcher, s’aérer, oxygéner son cerveau … on est pas créatif sur le moment, mais on prépare le terrain d’une autre manière. Bim, voilà une idée arriver.
- Ne pas paniquer quand ça ne vient pas ou que ça ne vient plus : laisser redescendre la pression en se faisant confiance. On saura retrouver une porte à un moment et s’engouffrer dedans.
- Faire des tâches manuelles très simples. En confinement avec les enfants, j’ai fait beaucoup de patchworks de couleur. Par exemple je dessinais un lapin et on coupait des lamelles de couleur dans un magazine pour faire un patchwork dans les oreilles. #PICASSO ! J’ai aussi téléchargé des coloriages. Mon préféré ? Celui de l’artiste Lucas Beaufort qui répétait une même forme et avec lequel je me suis obligée à n’utiliser que 3 couleurs. Concentration ultime. Ces petits exercices n’ont aucun objectif si ce n’est de créer un repos immédiat pour mon esprit (on ne pense plus à rien, on se concentre sur la tâche), de jouer avec mes mains et de retrouver quelque chose de l’enfance.
- Je reprends aussi doucement « l’heure du livre », celle de 9 à 10h où j’ai écrit mon livre « L’appel de la fugue » qui sort en septembre. Je n’ai aucune ambition si ce n’est que de déposer quelque chose par écrit pendant 1h. Un article, un script de dolce follia, une idée pour un autre livre qui me trotte dans la tête… Pas d’internet ni de réseaux sociaux durant 1h chronométrée, et la sensation délicieuse qu’à partir de 10h je peux gérer des problèmes logistiques ou gérer du marketing tout en ayant eu ma dose minimum de création journalière.
- J’ai aimé aussi me fixer des objectifs créatifs dans des moments où j’étais sûre d’avoir du temps : tiens ce weekend, je me promets de mettre le nez dans ce livre, ou de jouer une heure avec mon nouvel appareil photo, etc. Des missions simples (sur 1 weekend entier, feuilleter quelques pages d’un livre est normalement faisable, même si j’ai mes enfants dans les pattes) et qui me font me sentir bien, comme une petite évasion.
- Prochaine étape, une fugue tournée vers l’art pour moi ? Je me rêve à réaliser une aquarelle, à apprendre à sculpter. Pourquoi continuer à me mettre des barrières ?
Comme me l’a dit mon amie Mina, il est souvent positif pour la création de jouer avec des contraintes. Je ne dis plus le contraire.
A presto,
Alice
Par Ali
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