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Musée Sant’Orsola, un futur pour l’art contemporain à Florence
Un vent de fraîcheur artistique souffle sur le quartier de San Lorenzo, au nord du Duomo. Un groupe français, Artea, a investi le complexe historique de Sant’Orsola, un ancien couvent qui a subi de nombreuses affectations et transformations au fil des siècles. Les travaux n’ont pas encore officiellement commencé que le lieu vibre déjà depuis plus d’un an grâce à un projet culturel préfigurateur. On vous explique tout.
LE MUSÉE
Le Museo Sant’Orsola, dont l’ouverture est prévue en 2026, est un nouveau lieu culturel unique en son genre à Florence, car entièrement dédié à l’art contemporain et aux résidences d’artistes, dont les œuvres constitueront le fonds de collection du musée. Un projet inédit dans une ville attachée à son patrimoine historique. Vous vous demandez pourquoi nous vous parlons d’un musée qui n’ouvrira que dans deux ans ? Car Artea, le groupe français en charge du projet, a eu l’excellente idée de proposer des expositions préfiguratrices au sein même du chantier de réhabilitation. Des artistes contemporains sont invités à porter leur regard sur le monument et son histoire. Ces expositions préfigurent le projet artistique tout à fait original porté par ce nouveau lieu culturel florentin.
L’une des aspirations principales de la fondation Artea Storia pour le Museo Sant’Orsola est de contribuer à révéler le passé des lieux à travers des expressions artistiques contemporaines. Le musée s’est en effet investi d’une double mission : valoriser le patrimoine matériel et immatériel de l’ancien couvent et créer un nouveau patrimoine en lien avec notre époque et ses problématiques. Un parcours permanent présentera les témoignages d’hier et ceux d’aujourd’hui, dans un dialogue fécond entre le passé et le présent, pour nous aider aussi à mieux appréhender et construire l’avenir.
Situé dans le quartier de San Lorenzo, ce musée fera partie d’un vaste complexe de 17.000m2, conçu comme un espace de vie à part entière. Il comprendra une école d’art et de design, des ateliers d’artisans, un restaurant, un café littéraire et une œnothèque !
Par ici la dose hebdomadaire de sagesse italienne !
Détail de la première exposition "Oltre le mura di Sant’Orsola" en 2023 - Artiste Sophia Kisielewska-Dunbar
Préparation de la première exposition "Oltre le mura di Sant’Orsola" en 2023 - Artiste Alberto Ruce
L’HISTOIRE DU LIEU
Le complexe de Sant’Orsola a connu de nombreuses utilisations et transformations. D’abord couvent -de soeurs bénédictines au début du XIVe siècle, puis de soeurs franciscaines-, la tombe de Lisa Gherardini (la Joconde de Léonard de Vinci) y repose. Début du XIXe siècle, Napoléon met définitivement fin à sa fonction de couvent : la dispersion du patrimoine artistique de Sant’Orsola commence… Entre 1818 et 1940, l’édifice est converti en manufacture de tabac et d’importants travaux transforment les bâtiments. Après la Seconde guerre mondiale, l’ancienne fabrique devient un centre d’accueil de réfugiés pour les familles italiennes chassées d’Istrie par le régime de Tito.
Dans les années 1980, le Ministère des finances achète l’édifice pour le transformer en caserne militaire, et y installer ses nouveaux bureaux. Les travaux entrepris à cette période dégradent et dénaturent irrémédiablement l’ancien couvent. Les murs intérieurs comme extérieurs sont recouverts de béton armé. Ces travaux ne seront jamais achevés et Sant’Orsola demeure fermée et sans affectation pendant 40 ans, jusqu’au concours pour sa réhabilitation, lancé par la ville métropolitaine de Florence et gagné par le groupe Artea en 2020.
L’EXPOSITION RIVELAZIONI
L’exposition actuelle à Sant’Orsola s’intitule Rivelazioni et est ouverte au public jusqu’au 27 octobre 2024. Elle met en lumière le travail des artistes Juliette Minchin, française, et Marta Roberti, italienne. Elle a été orchestrée par Morgane Lucquet Laforgue, directrice du Museo Sant’Orsola, chargée de la préfiguration et responsable des projets artistiques et culturels du groupe Artea.
JULIETTE MINCHIN
Juliette Minchin est une artiste plasticienne fascinée par la lumière, le temps, les changements d’état des matières qu’elle travaille. Son matériau de prédilection est la cire, déclinée sous forme de sculptures, de dessins, d’installations, souvent éphémères, qui explorent les notions de transformation, de disparition, et de renaissance. À Sant’Orsola, elle a travaillé dans l’ancienne pharmacie du couvent et dans l’église extérieure du complexe, qui était autrefois ouverte aux laïcs pour certaines cérémonies religieuses.
Pour l’espace de la première église du couvent, Juliette Minchin a imaginé une installation qui se déploie tout autour des vestiges mis à jour lors des dernières fouilles archéologiques (2014). Ses drapés et voiles de cire enveloppent l’architecture : le fond de la salle et les fenêtres s’animent, comme traversées par un nouveau souffle de vie. À sa manière, l’artiste semble ressusciter le théâtral et fugace passé baroque du couvent, dont il ne reste plus aucune trace depuis le XIXe siècle. Dans l’ancienne pharmacie du couvent (spezieria) en revanche, c’est une veillée que l’artiste met en scène. Autour des imposants piliers de la pièce, Juliette Minchin a suspendu ses panneaux recouverts de cire et de mèches qui seront allumés et fondront chaque jour; pour offrir au visiteur le spectacle d’une créativité silencieuse, toujours changeante. Les formes, la lumière, le parfum de la cire brûlée offrent au visiteur une expérience sensorielle envoûtante, en référence aux rituels liturgiques et de guérison autrefois pratiqués en ces lieux.
MARTA ROBERTI
Marta Roberti est avant tout une dessinatrice. Elle réalise des dessins, souvent de grandes dimensions, sur des papiers particuliers (papier carbone, papier Gampi) qu’elle assemble, découpe, colle et recolle pour créer ses compositions. De son côté, elle a travaillé dans une partie des souterrains situés sous l’ancienne infirmerie et dans l’église dite « de l’intérieur », qui était exclusivement réservée aux religieuses.
Inspirée par les histoires de la vie des saints qui circulaient entre les murs des couvents, Marta Roberti a conçu Aure : une série de dessins immenses et délicats qui recouvrent l’église de Sant’Orsola et semblent émerger du plâtre comme des fragments de fresques retrouvées. Ses œuvres bouleversent l’iconographie religieuse traditionnelle et explorent la relation entre le divin, le féminin et l’animal. L’artiste transforme l’ancienne salle ecclésiastique en un lieu de contemplation et de méditation personnelle, et nous propose sa version imaginée d’une cellule monastique. La réflexion de Marta Roberti se poursuit dans la pénombre des sous-sols où est rassemblée une sélection d’œuvres sur papier graphite, suspendues et rétro-éclairées (parfois animées par des dessins en stop-motion projetés). Elles nous apparaissent telles des épiphanies lumineuses, des secrets qui seraient petit à petit révélés.
Infos visites exposition Rivelazioni
Ancien couvent de Sant’Orsola / Via Guelfa, 21, Florence
Lun-ven 14h30-18h30, sam-dim 9h-18h30, dernière entrée 17h45 (Fermé le mardi) jusqu’au 27 octobre 2024
Pour toute demande de visite guidée : [email protected]
https://museosantorsola.it/fr/
Crédits photos : © Cinestudio Italy
Détail de l'exposition de Juliette Minchin dans l'église extérieure
Détail de l'exposition de Juliette Minchin dans l'église extérieure
Détail de l'exposition de Marta Roberti dans l'église intérieure
Par Emilie Nahon
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