Conseils pour votre voyage en Italie

Le voyage italien de demain avec Slow Stay in Italy

Lorsqu’on voyage, trouver un pied-à-terre où l’on se sent bien, comme à la maison, cela peut faire toute la différence et rendre l’expérience inoubliable. Une poignée de femmes italiennes l’a bien compris et, à l’initiative de Silvia Mulazzani, propriétaire d’un B&B à Bologne, a créé un réseau qui se porte garant d’un tourisme lent, conscient et tourné vers l’humain. Rencontre.

Bonjour Silvia, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?

Je suis originaire de Bologne en Emilie-Romagne. Mon parcours professionnel n’est pas très linéaire, j’ai tout d’abord été avocate pénaliste puis lorsque je suis tombée enceinte de mon 2e enfant, nous avons déménagé car nous avions besoin de plus de place et nous avons rénové une grande maison. À cette époque, de par mon travail, je ne voyais pas grandir mes enfants. C’est alors que j’ai décidé d’amorcer un changement de vie pour ma famille, en tirant parti de cette grande maison que nous venions d’investir. J’ai toujours aimé recevoir, même quand je vivais dans le plus petit appartement, donc l’idée a fait son chemin et en 2013, j’ai ouvert mon B&B, Ca’ Vermiglia.

C’était un saut dans l’inconnu pour moi, cela n’avait rien à voir avec mon passé professionnel, je ne savais pas du tout où j’allais. Le B&B se trouve près d’un hôpital, donc au début j’ai pensé que ça allait marcher grâce à ça, puis par hasard, j’ai eu des touristes. Très vite, je me suis rendue compte que j’adorais le fait que le monde entier puisse arriver chez moi, sans avoir moi besoin de voyager ! C’était incroyable.

 

Comment est née l’idée de créer Slow Stay in Italy, réseau de structures d’accueil ? 

Comme pour beaucoup, quand le premier confinement est arrivé en 2020, je me suis demandé comment ça allait se passer ensuite pour mon activité. J’ai contacté des amies, je me suis rendue compte que certaines pensaient déjà à arrêter leur activité et fermer leur structure. Je leur ai demandé si elles étaient vraiment convaincues d’arrêter après toutes ces années de travail intense mais aussi de bellezza, de beauté. Je ne voulais pas baisser les bras.

J’ai alors proposé de faire un échange réciproque sur les réseaux sociaux, de parler les unes des autres, d’essayer de rester dans la lumière en cette période d’obscurité. Nous l’avons fait, nous étions 6 au départ. Puis chacune a invité d’autres amies. Ça a tout de suite fonctionné. Les gens nous ont suivies, le nombre de followers a augmenté ! On a alors décidé de structurer ce mouvement qui était né spontanément, de mettre nos compétences à l’usage de la collectivité. Aujourd’hui nous sommes plus de 30 structures à faire partie du réseau.

Silvia, du B&B Ca’ Vermiglia, situé à Bologne en Emilie-Romagne https://www.cavermiglia.it/

Quand je regarde les différents membres du réseau, je ne vois que des femmes, comment l’expliques-tu ?

Au départ, il y avait aussi 2 hommes parmi les membres mais ils ont fini par se retirer car ils ne se sont pas sentis d’échanger autant. Nous avons en effet une règle pour faire partie du réseau, c’est de participer à des groupes de travail, chacune est investie sur un ou plusieurs sujets. Je pense qu’il y a quelque chose de très féminin dans l’échange. Au sein du réseau, on ne fait pas que le promouvoir, on se soutient aussi les unes les autres. On partage nos compétences, nos expériences, même à un niveau plus personnel.

De plus, en règle générale, les femmes sont très multitasking, elles ont plus de capacité à être sur tous les fronts et à entreprendre ce genre de projet. C’est une belle expérience car nous sommes toutes devenues amies et le réseau nous fait vraiment évoluer, ensemble. Si tu regardes certains profils avant Slow Stay et maintenant, tu verras que beaucoup ont changé en bien et ça me fait très plaisir ! 

 

Est-ce que le terme “Slow Stay” est arrivé tout de suite pour le nom, comme une évidence ?

On a un chat toutes ensemble et pour le nom, on a brainstormé sur ce chat, c’était presque un jeu. Chacune mettait ses idées, on a échangé sur nos valeurs, comme le vivere lento, vivre lentement, ou godersi i momenti, profiter de chaque moment, surtout pendant cette période où nous étions forcées de nous arrêter. Les Italiens n’avaient plus la possibilité de bouger tellement, pourquoi ne pas leur faire connaître mieux leur pays ? Il y a tant d’endroits méconnus ! S’est dessinée naturellement l’idée du tourisme lent de proximité et c’est là que le terme slow stay est apparu. 

Par-dessus tout, nous désirons rendre humainement intéressante l’expérience de venir chez l’une d’entre nous.

Quelle est la philosophie de l’accueil qui vous a réunies ?

On partage une certaine vision de l’accueil, celle d’offrir une expérience “comme à la maison” à nos hôtes. Nous avons en commun d’être à la tête de petites structures à gestion familiale, ce qui nous permet d’incarner chaque moment, chaque petit détail. On privilégie toujours le contact direct avec les gens, il s’agit d’une vraie rencontre, on leur prépare nous-même le petit déjeuner, on leur explique comment découvrir la région, on a une certaine idée du soin aux personnes, toutes des petites choses qui font une grande différence. Par-dessus tout, nous désirons rendre humainement intéressante l’expérience de venir chez l’une d’entre nous.

I Sette Coni, situé à Cisternino dans Les Pouilles https://www.isetteconi.com/

ASSAPORARE, goûter aux plaisirs de la vie, DARE UN VALORE AL TEMPO, donner de la valeur au temps

Quels sont les objectifs de ce réseau ?

Promouvoir un tourisme toujours plus conscient et lent. Le covid a ouvert une fenêtre sur des besoins qu’on ne connaissaient pas : assaporare, goûter aux plaisirs de la vie, dare un valore al tempo, donner de la valeur au temps, s’offrir un instant de tranquillité, une certaine forme de liberté, une vie plus authentique. En tant que membre de Slow Stay, nous profitons, à notre rythme, de tout ce qu’il y a de beau en accueillant les personnes comme on accueillerait des amis, de la famille.

En tant que membre de Slow Stay, nous profitons, à notre rythme, de tout ce qu’il y a de beau en accueillant les personnes comme on accueillerait des amis, de la famille.

B&B La Celeste Galeria, situé à Mantoue en Lombardie https://www.lacelestegaleria.it/

Pourquoi l’Italie est un terrain si fertile pour expérimenter la lenteur ?

Premièrement, car elle est pleine de beauté, où que tu poses les yeux, c’est beau, tu peux prendre ton temps pour en admirer chaque détail. Et puis, c’est un petit pays, tu n’as pas besoin d’aller bien loin pour changer totalement de paysage. L’Italie est composée de tant de territoires différents ! Selon moi, c’est seulement avec lenteur que tu peux découvrir ses différences, ses particularités, ce qui fait sa beauté.

Selon moi, c’est seulement avec lenteur que tu peux découvrir les différences, les particularités, ce qui fait la beauté de l’Italie.

B&B Luccicamare, situé à Noto en Sicile https://www.luccicamare.com/

Si je te paraphrase, la lenteur aurait un rôle fondamental dans l’acte de voyager ?

Bien sûr. Elle est fondamentale. Je suis une grande voyageuse, j’ai toujours aimé voyager. Si tu ne prends pas le temps d’observer, de te mélanger à la réalité d’un lieu, tu n’en feras pas une expérience intime de l’âme. Le voyage, tel que je l’imagine, nous fait grandir, est une valeur ajoutée à notre être.

Si tu ne prends pas le temps d’observer, de te mélanger à la réalité d’un lieu, tu n’en feras pas une expérience intime de l’âme.

Locanda Rurale Lu Salconi, situé à Bassacutena en Sardaigne https://www.lusalconi.it

Et dans la vie de tous les jours, est-ce que la lenteur est quelque chose de nécessaire pour toi ?

C’est fondamental aussi ! La vie peut être si frénétique, je pense notamment à cette année où le tourisme a repris autant. On a BESOIN de moments de respiration et de gratitude. Si tu ne t’arrêtes pas un peu, tu ne peux pas te rendre compte de la richesse dont tu disposes. Dans ma vie précédente, c’était impossible car j’étais pénaliste, je ne vivais qu’en fonction des obligations du calendrier, le rythme était très intense. Profiter était un verbe qui n’existait pas pour moi. C’était un travail merveilleux mais au niveau intime/personnel, il n’y avait pas d’espace pour l’âme. Je me sentais utile mais je n’avais aucune place pour moi ni même pour les autres.

Si tu ne t’arrêtes pas un peu, tu ne peux pas te rendre compte de la richesse dont tu disposes.

Podere San Bartolomeo, situé à Capraia e Limite en Toscane https://www.poderesanbartolomeo.eu/

Hormis le choix du logement, quels sont tes conseils pour voyager en Italie à un rythme plus lent ?

Je vais insister sur quelque chose que j’ai déjà dit, mais je pense qu’il est important, pour comprendre les lieux que l’on visite, de prendre le temps de rencontrer les gens. Être proche des gens, ça donne tellement, ça apprend énormément sur la réalité d’un endroit. Je pense que c’est un véritable mood, un état d’esprit, une certaine manière d’appréhender ce qui nous entoure.

 

Et dans ta région ?

Bologne est une petite ville mais variée car au niveau du territoire, à un jet de pierres, on se retrouve sur les collines, i Colli di Bologna. Je suggère un séjour de minimum 3 jours comme ça, on ne se contente pas de faire le centre historique, l’aperitivo et les restos. Un séjour plus long, même sans voiture, peut s’organiser facilement sans problème car Bologne est très bien connectée à d’autres villes grâce au train, je pense notamment aux villes de Ravenne et Ferrare, qui sont 2 véritables bijoux et très différentes de Bologne. 

 

Quels sont tes projets futurs, en tant qu’hôte chez Ca’Vermiglia ?

Avant le Covid, chez moi, j’organisais des workshops, des rencontres avec des artisans, c’était merveilleux, c’était une belle manière de mettre les gens en contact. J’aimerais déjà pouvoir recommencer ça !

Et au sein du réseau Slow Stay in Italy ?

Nous avons démarré un projet, qui est encore à l’état embryonnaire, nous créons des parcours sur YouTube, qui conseillent des lieux à découvrir dans une région en passant d’une structure à l’autre. Nous avons actuellement 7 vidéos (Toscane, Lombardie, Sardaigne, Sicile, Emilie-Romagne, Ligurie et Piémont) et espérons en créer pour chaque région d’Italie ! J’ai encore eu des touristes américains cet été qui se sont arrêtés pour 2 jours. Ils m’ont dit “si on avait su que c’était si beau, on serait restés beaucoup plus longtemps. On a besoin de mieux faire connaître nos régions !

 

Pour terminer, quels sont tes souhaits pour l’avenir du secteur touristique en Italie ?

Je suis optimiste, je souhaite que la situation sanitaire et économique s’applanisse, qu’on trouve des solutions meilleures pour tous car le voyage est l’essence fondamentale de l’être humain: rencontrer, découvrir, s’enrichir.

 

Merci beaucoup Silvia !

 

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Podere La Gualda Vecchia, situé en Maremme toscane https://www.lagualdavecchia.it/

Il Rudere Teodorano B&B, situé à Forlì en Emilie-Romagne https://www.il-rudere-teodorano.it/

Casa Aulivo, situé à Caiazzo en Campanie https://www.casaaulivo.it/

Par Emilie Nahon

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