La Fugue
Retraite de yoga à Positano, l’état d’esprit de la fugue
Je vous écris ces quelques lignes en direct du train qui me ramène chez moi après 6 longues journées de Fugue. Comme je vous l’écrivais ICI avant de partir, c’est la première fois que je pars aussi longtemps seule loin de ma famille, de mes enfants et c’est aussi la première fois que je participe à une fugue en groupe, puisqu’il s’agissait d’une retraite de yoga.
J’ai passé une semaine merveilleuse.
J’ai vécu d’un côté plein de surprises, car c’est l’essence même d’un voyage où l’on se laisse porter par les événements et les rencontres. Mais j’ai aussi pu profiter des bénéfices de la Fugue, ceux que je commence à maîtriser, fugue après fugue.
Quels sont ces bénéfices ?
- Un contexte totalement nouveau, différent, qui me permet de répondre à des questions que j’ai en tête depuis un moment et dont je n’arrive pas à me défaire ou à résoudre. Là, pendant quelques jours, j’ai le temps, le recul et l’envie de me pencher sur ces points sensibles.
- Une sérénité retrouvée grâce à la déconnexion, à la nature et au calme qui en découle. Une vue sublime sur la mer, une marche chaque jour sur un sentier escarpé, autant de moments simples profondément liés à la géographie des lieux.
- Une joie interne profonde, tous les sens sont en action. Mon corps qui s’étire, cette vue sur la côte mais aussi cette nourriture divine que nous avons mangée … Tout cela nourrit mon âme !
- Une reconnexion profonde entre mon esprit et mon corps grâce à la réactivation totale de ce dernier. D’habitude, je marche 15 km par jour à Venise. Cette fois-ci, je faisais 3h de yoga par jour et 9 km de marche en moyenne.
- Du vrai repos, des nuits de sommeil qui vous font récupérer de tout. Après tout ce sport, je m’évanouissais !
- Le choix de faire ce que je veux quand je veux (sur les temps libres car mon planning était bien sûr lié au yoga et à la vie en communauté).
L’art, pour une fois, ne faisait pas partie du voyage.
Quand je suis à Venise, je fais 3 musées par jour, j’en ai profondément besoin. Là, les paysages sont des tableaux vivants dans lesquels j’ai évolué pendant 1 semaine. Cette côte amalfitaine vaut tous les superlatifs.
De plus, je vous l’avais dit sur Instagram, je me suis remise au dessin, mon activité préférée quand j’étais enfant. C’est Elena, mon amie de Venise qui m’a poussée à m’y remettre en juillet. J’ai donc fait 1 ou 2 dessins par jour afin de fixer sur le papier une image que je ne voulais pas oublier et qui est profondément liée à ma fugue et à ses bénéfices. Une ruelle vide d’Anacapri, la vue depuis la banquette devant ma chambre, la terrasse où nous nous retrouvions toutes le soir pour dîner, la vue sur une crique adorable en descendant à la plage …
Des espèces de carte postale pour moi-même que je chéris. Je compte bien continuer cet exercice durant l’été et devant d’autres paysages.
Alors, que s’est-il passé pendant cette semaine ?
Lorsque je suis arrivée en train à Naples, j’ai été prise d’appréhension. J’avais écrasé plusieurs larmes dans le train à l’idée d’être loin de mes enfants, mais aussi de repartir pour vivre quelque chose que je sais être fort. Repenser à l’année, tirer des conclusions, vouloir s’améliorer, toujours. Bref, j’étais fébrile (sûrement comme toutes les fugueuses de mes Fugues Italiennes !). En rejoignant une partie du groupe dans la gare de Naples, je ne fais pas la maline. Je ne suis jamais partie petite en colonie de vacances, à part pour des stages de musique sur les hauteurs de Nice. Le groupe a l’air sympa, nous montons dans le minivan qui doit nous déposer à l’hôtel.
La découverte de la côte m’a laissée sans voix, d’ailleurs un silence royal règne dans le bus, nous sommes toutes collées à la vitre. Ces montagnes à pic dans la mer, cette route sinueuse, l’accumulation de bâtisses rectangulaires formant les villages si réputés. Ces paysages pourtant vus mille fois en photo se doivent d’être vécus et traversés une fois dans sa vie.
Nous nous arrêtons sur la route juste après Positano et laissons nos bagages qui montent en haut de la montagne par un système électrique douteux. Pourvu qu’ils arrivent bien là-haut ! Nous ne voyons même pas la destination finale … Mais dans quoi nous sommes-nous donc embarquées ? Puis direction Montepertuso, village situé au-dessus de Positano. Le chauffeur nous laisse à côté du terrain de foot. Bon ok, il faut que j’arrête de me poser des questions (je vois des éclairs de doute traverser les regards de mes co-fugueuses).
Shari, ma merveilleuse prof de yoga à Florence et organisatrice de retraites de yoga partout dans le monde (www.soleyogaholidays.com ) prend les rênes des opérations et nous entraîne dans un minuscule sentier à flanc de falaise.
Nous descendons pendant un bon quart d’heure, en nous agrippant aux rochers et en essayant de deviner au milieu des arbres où est notre maison du bonheur. Nous ne sommes pas toutes super à l’aise sur ce chemin, mais le paradis se mérite.
Nous arrivons à l’eco lodge La Selva, aka la plus belle vue possible sur la côte amalfitaine. Là-bas, tout est fabriqué maison, la table, le pont de yoga qui donne sur la mer, la nourriture 100% vegan qui vient du jardin, les olives sont récoltées sur les terrasses à pic, les chiens et les chiots courent partout pour nous accueillir. Nous savions que la retraite serait roots et bien, c’est clairement le cas. Pas de chichi, salle de bain et chambre à partager, pas de service de chambre, pas de changement de serviette, 2 repas par jour, des fruits à disposition dans la journée. Tout cela me va, une simplicité qui fait du bien et aide au travail de recentrage. Passé le « choc » de la découverte, toutes les fugueuses se feront parfaitement à ce cadre, il fallait juste le temps de réaccorder les violons dans ce contexte si différent. Sortir de sa zone de confort, s’adapter, comprendre où est la beauté.
Pendant 6 jours, nous avons pratiqué le yoga 2 fois par jour. Le matin à jeun à 8h sur un pont en bois devant la mer. L’image la plus belle de mon séjour. Le soir à 17h30 dans une sorte de cabane au milieu des arbres. Tout aussi magique. Je n’avais jamais pratiqué le yoga dans la nature, je suis loin d’oublier cette expérience.
A la fin du cours, rouvrir les yeux et admirer la mer. Fixer un bateau (plutôt qu’un point sur un mur) pour l’équilibre, faire des temps de repos avec les bruits des feuillages qui bougent, le clapotis des vagues en fond. Des moments d’une beauté folle, en communion toutes ensemble. Et puis 3h de pratique par jour pendant 6 jours, je sens en moi une force, un pouvoir que je n’ai pas senti depuis longtemps. J’ai beaucoup travaillé sur mon mental ces dernières années et mon corps était à la traîne, j’ai l’impression d’avoir effectué une grosse remise à niveau.
Qu’avons-nous fait le reste du temps ?
Tous les jours nous avions du temps libre, de 10h30 à 17h et avions 2 options. Rester là-haut au paradis, lire et admirer la mer. Ou bien se balader pour découvrir la côte. J’ai fait les deux. Naturellement, des mini groupes d’aventurières se sont formés pour aller visiter à droite et à gauche. Avec Nisha, ma camarade américaine, nous sommes allées à Positano, Amalfi et dans les collines au-dessus de Montepertuso.
Ce qui est amusant (et épuisant rien qu’en y repensant !) c’est qu’il n’y a aucune route qui va à La Selva. La seule option pour faire quelque chose ? MARCHER. Nous étions à 20 minutes de Positano en descente, presque le double pour remonter. Le premier aller-retour ? J’ai cru mourir. Puis j’ai commencé à avoir mes repères (l’arbre avec des fleurs séchées dorées, l’ancienne station électrique, cette grosse pierre) et à la fin de la semaine, monter-descendre n’étais plus un problème, cela faisait partie du jeu.
On connaît la côte amalfitaine pour son côté très luxueux, ses hôtels de rêve, ses yachts qui arrivent dans les villages. Je pense avoir vécu là-haut dans la montagne l’expérience la plus luxueuse qui soit. Une nature à 360°, une vue sur les falaises que peu de personnes ont la chance d’apprécier (les gens ont des maisons beaucoup plus proches de l’eau). Nous étions SEULES en pleine période touristique. Le vrai luxe.
En 6 jours, on a eu aussi le temps de créer des tonnes de souvenirs à plusieurs. Cécile et Kasey qui s’électrocutent à moitié, « Philippe » et les chiots, nos sauts Namasté depuis le bateau qui nous a amené à Capri, Marta qui nous décrit la nourriture des dieux chaque matin et soir, les ânes qui nous bloquent la route, les sessions abdos de l’enfer, ma rencontre avec #ScaryShari en pleine nuit au toilette (nous avions toutes les 2 nos boules Quies, on a hurlé quand on a compris qu’il y avait quelqu’un d’autre dans la pièce) … Quel bonheur de RIRE comme une baleine, de raconter n’importe quoi, de donner de soi et de recevoir tellement.
Et puis bien sûr, j’ai eu des moments à moi et rien qu’à moi, qu’il a fallu provoquer. Car en groupe, on a le réflexe de vouloir tout faire tout le temps à 2 ou à plusieurs. Souvent, je me suis échappée une heure. Pour lire, pour dessiner, pour vivre ma vie.
En taxi à Anacapri
La balade vers Montepertuso
Le duomo d'Amalfi
Au final, je ressors avec quel état d’esprit ?
Comme je vous l’expliquais dans cet article ICI, pour une fois je n’étais pas désespérée-déprimée en arrivant dans ma fugue. J’ai passé une année très forte, très belle, notamment grâce aux Fugues Italiennes. Mais j’avais besoin de faire des ajustements. Réfléchir à mon équilibre assez foireux entre vie pro – vie perso. Avoir le sentiment de mieux m’occuper des miens, d’accorder le temps qu’il faut à ma famille, réussir à créer du vide aussi pour décompresser (je crois bien avoir trouvé quelque chose de fantastique avec une nouvelle morning routine), faire vibrer ma fibre créative avec le dessin juste pour me faire du bien, réactiver mon corps fortement avec le yoga et continuer à en faire régulièrement. D’une certaine manière, je prépare ma rentrée avec cette fugue. Je m’imagine faire ceci, faire cela, j’anticipe pour vivre avec plus de sérénité les choses. La sérénité, mon mot-clé pour les prochains mois.
Et puis il y a cette envie secrète en moi, cette boule de feu qui ne demande qu’à s’exprimer mais qui m’intimide encore beaucoup, celle d’écrire. Cette envie d’écrire devient de plus en plus une nécessité, quelque chose de naturel et qui DOIT sortir. Je travaille sur un projet lié à tout cela, un projet qui me fait sortir énormément de ma zone de confort. J’aurais l’occasion de vous en reparler.
Durant une fugue en solo (qu’on parte seule ou que l’on rejoigne un groupe), on est coupé de nos habitudes et des gens qui nous connaissent. Il existe cette liberté folle de se présenter plus facilement « au monde » de la manière dont on a fondamentalement envie. Que ce soit un grand ou un petit changement, qu’il soit déjà amorcé ou en cours de lancement, le verbaliser est déjà une très belle étape.
« Hello, I’m Alice, I’m a writer ». Voilà ce que je me suis entendue dire plusieurs fois durant le séjour. Affaire à suivre.
Si vous aussi, vous voulez partir en retraite de yoga avec Shari, rendez-vous ICI!
Baci,
Alice
Par Ali
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